Le mouvement syndical le "Printemps écologique" promet de défendre à la fois la transition écologique et les intérêts des salariés. Pas facile, à l'heure de la relance. Pour son président Maxime Blondeau, intérêts particulier et général sont réconciliables, il suffit de bien anticiper.
L'association Printemps écologique a été lancée en janvier 2020 et le syndicat portant le même nom le 1er mai. La première structure a pour mission d'organiser et mobiliser les groupes locaux, qui sont sept aujourd'hui. Elle a pour ambition de générer le mouvement écologiste syndical. La seconde est une union de 21 syndicats sectoriels – tous n'ont pas encore déposé leur statut. Elle organisera les candidatures aux élections professionnelles, les campagnes, les accords de négociation, les adhésions... Le Printemps écologique s'apprête à lancer son appel "Seule la planète peut sauver nos emplois" le 20 septembre, soutenu, promet-elle, par plusieurs associations écologistes nationales et locales. ► Maxime Blondeau est le président du Printemps écologique. Il a fait des études de commerce, de sciences politiques et d'anthropologie. Après un passage dans plusieurs entreprises, il a jusqu'il y a peu enseigné à Sciences Po Paris et à l'École des Mines. Ses cours portaient sur l'écologie et le numérique. |
Maxime Blondeau : À l’origine, l’idée était de rassembler des salariés pour le climat. Puis, au fil de nos échanges, nous en sommes venus à l’action syndicale (voir encadré). Notre premier objectif est de stimuler l’engagement des salariés pour intégrer à l’intérieur des organisations l’impératif écologique et de justice sociale. Ensuite, l’objectif est d’élargir le champ de la négociation collective, d’intégrer dans les consultations obligatoires annuelles les questions écologiques et environnementales, la comptabilité, la gouvernance… Un autre but est de sauver le dialogue social, alors qu’on constate une baisse alarmante de la représentation syndicale. Enfin, on défend l’idée selon laquelle les salariés devraient être en droit de s’organiser pour défendre des questions d’intérêt général.
Maxime Blondeau : C’est vrai, nous ne devons pas sous-estimer cette question. C’est le fameux "fin du monde ou fin du mois". Nous pensons qu’on peut réconcilier intérêt particulier et intérêt général, avec de la pédagogie et en faisant bien comprendre que les intérêts particuliers sont compris dans l’intérêt général. Nous pensons, comme on le dit dans notre appel, que seule la planète peut sauver nos emplois. Chacun a donc intérêt à œuvrer pour l’intérêt général et changer les modèles, étant donné le risque que nos organisations soient balayées par les événements qui nous attendent dans les prochaines décennies.
Maxime Blondeau : Aujourd’hui, le souci prioritaire des salariés qui s’organisent est la défense de leurs intérêts particuliers. C’est logique et important. Mais nous sommes arrivés à un point où le travail est déconnecté de l’intérêt général. Dans le privé, le travail se met au service de parties prenantes qui deviennent la principale raison de subordination et qui ne défendent pas forcément l’intérêt général. Nous voulons réconcilier travail et intérêt général. Ce qui le symbolise le mieux, ce sont les questions écologiques et environnementales, qui reconnectent le travail avec les individus. D’ailleurs, on voit de plus en plus de personnes qui quittent leur emploi parce qu’elles n'y trouvent pas de cohérence éthique.
Maxime Blondeau : De manière générale, nous attendons un peu avant de prendre de telles positions, par souci de représentativité. Par exemple, notre syndicat de la métallurgie compte six personnes : peuvent-elles décider d'un avis à six ? Pour le cas particulier du nucléaire, le plus probable est qu’on ne tranche pas la question. Nous n’avons pas intérêt à le faire parce que le sujet est clivant.
Maxime Blondeau : Schématiquement : on inscrirait nos revendications dans les investissements du plan de relance, sur la reconversion professionnelle et la formation professionnelle. Nous sommes pour une décroissance sélective sous contrôle. De notre point de vue, certaines filières polluantes doivent décroître, notre logique est de l’accepter. Ce sont des choix à négocier avec les leaders économiques. Mais cela doit se préparer pour ne pas que 500 000 salariés de l’aéronautique se retrouvent sur la paille dans cinq ans. Pour une transition juste, et protéger les gens qui vont subir la réorientation économique nécessaire, il faut anticiper et lever le tabou de la décroissance.
Maxime Blondeau : Nous n’avons pas vocation à nous décider maintenant, cela se fera au niveau de la centrale, de l’union des syndicats, qui tiendra son assemblée fédérale dans quelques semaines. Pour le moment, nous avons une charte de valeurs, avec 21 repères revendicatifs, mais pas encore de doctrine.
Maxime Blondeau : Notre idée n’est pas prête juridiquement, des juristes travaillent dessus en ce moment. Nous voudrions une évolution du code du travail qui prenne en compte l’impératif écologique et la justice climatique. L’idée du droit de refus vient du Canada, où la possibilité a été donnée aux ingénieurs impliqués dans la fracturation hydraulique de refuser de travailler sur cette activité. En France, cela devrait-il prendre la forme d’une extension du droit de retrait ? C’est une exploration à mener.
Maxime Blondeau : Nous sommes complètement ouverts à la discussion. Nous n’avons donc aucune animosité envers eux. D’ailleurs, nous sommes pour la double adhésion, parce que nous avons envie de nous inscrire en superposition. Il n’est pas impossible que l’on fasse des coalitions et des listes communes. Cela étant dit, nous allons présenter des candidats et donc faire campagne. Nous visons les 8 % nous permettant d’être représentatifs et ainsi de négocier et conclure des accords. Ce n’est que 8 %, donc nous pouvons être de nombreux syndicats à être représentatifs ! Je pense qu’il y aura des alliances sur certains sujets et des désaccords sur d’autres. La CFDT a son "Pacte du pouvoir de vivre" et la CGT son "Plus jamais ça", c’est très bien, mais dans les deux cas, la question de la transition écologique n’est pas au cœur de leur logiciel pour repenser le travail et les modèles économiques. Nous, nous partons de cette question.
Le syndicat Printemps écologique compte 200 adhérents pour le moment. Il vise les 1 000 en décembre 2020, 10 000 en décembre 2022 et 45 000 en décembre 2023. Les 21 syndicats de l'union couvrent 1,2 million de salariés. Quatre sont de la fonction publique. L'impératif est de déposer les statuts avant décembre 2020 pour avoir les deux années d'ancienneté en décembre 2022 permettant de se présenter aux élections. Il s'est fixé comme objectif d'être représentatif en décembre 2027, soit, à 8% des voix au niveau national et interprofessionnel et à 10 % dans les entreprises. |
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La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)
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